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OTHON L’ARCHER

quel elle était appuyée. À la lueur de la lune, le landgrave les vit s’embrasser, et il lui sembla même distinguer sur le visage renversé de l’épouse les larmes que lui faisait répandre le départ de son amant.

Dès lors il n’y eut plus de doute pour Ludwig, et il prit aussitôt la résolution d’éloigner de lui l’épouse coupable et l’enfant de l’adultère. Une lettre remise à Godefroy ordonnait à Emma de le suivre, et l’ordre fut donné au chef des gardes d’arrêter Othon au point du jour et de le conduire à l’abbaye de Kirberg, près de Cologne, où il changerait l’avenir brillant du chevalier contre l’étroite cellule d’un moine.

Cet ordre venait d’être accompli, et Emma et Othon étaient depuis une heure sortis du château, l’un pour se rendre au monastère de Nonenwerth et l’autre à l’abbaye de Kirberg, lorsque le comte Karl se réveilla, et, comme nous l’avons raconté, trouva près de lui son vieil ami, pareil à un chêne dont le vent a enlevé les feuilles et la foudre brisé les branches.

Hombourg écouta avec une affliction grave et affectueuse le récit que Ludwig lui fit de tout ce qui s’était passé. Puis, sans essayer de consoler ni le père ni l’époux :

— Ce que je ferai sera bien fait, n’est-ce pas ? lui dit-il.

— Oui, répondit le landgrave ; mais que peux-tu faire ?