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OTHON L’ARCHER

comme une chose qui le frappait pour la première fois, la ressemblance d’Othon avec Albert.

En effet, à l’exception de cette fleur de jeunesse qui brillait sur le visage de l’adolescent et qu’avait brûlée chez l’homme le soleil d’Espagne, c’étaient les mêmes cheveux blonds, les mêmes yeux bleus, et il n’y avait pas même jusqu’à certaines expressions de physionomie, dont la ressemblance indique le même sang, qu’on ne pût remarquer entre eux avec une attention un peu soutenue.

Cette révélation avait été un coup de poignard pour le landgrave ; depuis longtemps, grâce à Godefroy, il suspectait la pureté des relations d’Emma et d’Albert ; mais l’idée que ces relations coupables existaient déjà avant son mariage, l’idée plus poignante encore, et à laquelle cette ressemblance singulière donnait une nouvelle force, qu’Othon, qu’il avait tant aimé, était l’enfant de l’adultère, brisait son cœur et le rendait presque insensé. Ce fut en ce moment, comme nous l’avons raconté, qu’arriva le comte Karl, et nous avons vu qu’emporté par la vérité, celui-ci avait encore augmenté la douleur de son malheureux ami en avouant que cette ressemblance d’Albert et d’Othon était incontestable ; cependant, comme nous l’avons vu, il s’était retiré sans attacher à la tristesse de Ludwig toute l’importance qu’elle avait acquise véritablement.

C’est que cet homme qui était venu parler si mysté-