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OTHON L’ARCHER

où il avait retrouvé le mari d’Emma, qui venait de se mettre en possession du titre et des biens du vieux landgrave, qui était passé de vie à trépas vers le commencement de l’année 1332.

Le jeune Othon grandissait, c’était un beau garçon de cinq ans, à la tête blonde, aux joues roses et aux yeux bleus. Le retour d’Albert fut une fête pour toute la famille et surtout pour l’enfant, qui l’aimait beaucoup. Albert et Ludwig se revirent avec plaisir ; tous deux venaient de combattre contre les infidèles, l’un au midi, l’autre au nord ; tous deux avaient été vainqueurs et tous deux rapportaient de nombreux récits pour les longues soirées d’hiver : aussi une année s’écoula-t-elle comme un jour ; mais, au bout de cette année, le caractère aventureux d’Albert l’emporta de nouveau : il visita les cours de France et d’Angleterre, suivit le roi Édouard dans sa campagne contre l’Écosse, rompit une lance avec James Douglas, puis, se retournant contre la France, il était revenu prendre l’île de Cadsant avec Gauthier de Mauny ; se retrouvant alors sur le continent, il en avait profité pour faire une visite à ses anciens amis, et était rentré pour la troisième fois au château de Godesberg, où il avait trouvé un nouvel hôte.

C’était un des parents du landgrave, nommé Godefroy, qui, n’ayant rien à espérer de la fortune paternelle, avait tenté de s’en faire une dans les armes. Lui aussi