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OTHON L’ARCHER

Et, à ces mots, se levant avec effort, il vint, en chancelant comme un homme ivre, tomber dans les bras que le comte ouvrait pour le recevoir.


II


Pour l’intelligence des faits qui vont suivre, il faut que nos lecteurs consentent à remonter avec nous dans le passé.

Il y avait seize ans que le landgrave était marié ; il avait épousé la fille du comte de Ronsdorf, qui avait été tué en 1316, pendant les guerres entre Louis de Bavière, pour lequel il avait pris parti, et Frédéric le Beau d’Autriche, et dont les propriétés étaient situées sur la rive droite du Rhin, au-delà et au pied de cette chaîne de collines appelée les Sept-Monts. La douairière de Ronsdorf, femme d’une haute vertu et d’une réputation intacte, était alors restée veuve avec sa fille unique âgée de cinq ans ; mais, comme elle était de race princière, elle avait soutenu pendant son veuvage la splendeur primitive de sa maison, de sorte que sa suite continua d’être une des plus élégantes des châteaux environnants.

Quelque temps après la mort du comte, la maison de la douairière de Ronsdorf s’augmenta d’un jeune page, fils, disait-elle, d’une de ses amies morte sans fortune.