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LES FRÈRES CORSES

accomplir ; si vous n’avez pas le temps, j’irai seul.

— Comment, seul ! et qui vous indiquera la place ?

— Oh ! je la reconnaîtrai bien ; ne vous ai-je pas dit que je l’avais vue en rêve ?

Je fus curieux de savoir jusqu’où irait cette singulière intuition.

— C’est bien, je vous accompagnerai, lui dis-je.

— Eh bien, apprêtez-vous tandis que j’écrirai à Giordano, vous me permettez de disposer de votre valet de chambre pour faire porter une lettre, n’est-ce pas ?

— Il est à vous.

— Merci.

Il sortit et rentra dix minutes après avec sa lettre, qu’il recommanda à mon domestique.

J’avais envoyé chercher un cabriolet ; nous y montâmes, et nous partîmes pour Vincennes.

En arrivant au carrefour :

— Nous approchons, n’est-ce pas ? dit Lucien.

— Oui, à vingt pas d’ici, nous serons à l’endroit où nous entrâmes dans la forêt.

— Nous y voilà, dit le jeune homme en arrêtant le cabriolet.

C’était à l’endroit même.

Lucien entra dans le bois sans hésitation, et comme si déjà vingt fois il y était venu. Il marcha droit à la fondrière, et, quand il fut arrivé, s’orienta un instant ; puis, s’avançant jusqu’à la place où son frère était tombé,