Page:Dumas - Les Frères Corses, 1881.djvu/157

Cette page a été validée par deux contributeurs.
145
LES FRÈRES CORSES

manière française, avec des gants blancs, un jabot et des manchettes.

— Et madame de Franchi sait que vous êtes venu à Paris dans cette intention ?

— Oui.

— Et elle vous a laissé partir ?

— Elle m’a embrassé au front et m’a dit : « Va ! » Ma mère est une vraie Corse.

— Et vous êtes venu !

— Me voici.

— Mais, de son vivant, votre frère ne voulait pas être vengé.

— Eh bien, dit Lucien en souriant avec amertume, il aura changé d’avis depuis qu’il est mort.

En ce moment, le valet de chambre entra portant le souper : nous nous mîmes à table.

Lucien mangea comme un homme libre de toute préoccupation.

Après le souper, je le conduisis à sa chambre. Il me remercia, me serra la main, et me souhaita une bonne nuit.

C’était le calme qui suit, dans les âmes fortes, une résolution inébranlablement prise.

Le lendemain, il entra chez moi aussitôt que mon domestique lui dit que j’étais visible.

— Voulez-vous, me dit-il, m’accompagner jusqu’à Vincennes ? C’est un pieux pèlerinage que je compte