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LES FRÈRES CORSES

Alors il est entré, a demandé si monsieur était chez lui ; j’étais tellement troublé, que j’ai répondu que oui. Alors il m’a dit : « Allez lui annoncer que M. de Franchi demande à lui parler ; » sur quoi, je suis venu.

— Vous êtes fou, mon cher ! l’antichambre était mal éclairée, sans doute, et vous avez mal vu ; vous étiez tout endormi encore et vous avez mal entendu. Retournez, et demandez une seconde fois le nom.

— Oh ! c’est bien inutile, et je jure à monsieur que je ne me trompe pas ; j’ai bien vu et bien entendu.

— Alors faites entrer.

Victor retourna tout tremblant vers la porte, l’ouvrit ; puis, restant dans l’intérieur de ma chambre :

— Que monsieur prenne la peine d’entrer, dit-il.

Aussitôt j’entendis, malgré le tapis qui les assourdissait, des pas qui traversaient le salon et qui s’approchaient de ma chambre ; puis, presque aussitôt, je vis effectivement apparaître sur ma porte M. de Franchi.

J’avoue que mon premier sentiment fut un sentiment de terreur ; je me levai et fis un pas en arrière.

— Pardon de vous déranger à une pareille heure, me dit M. de Franchi, mais je suis arrivé depuis dix minutes, et vous comprenez que je n’ai pas voulu attendre à demain pour venir causer avec vous.

— Oh ! mon cher Lucien, m’écriai-je en courant à