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LES FRÈRES CORSES

— Monsieur le baron, m’écriai-je, courez à la caserne et amenez le chirurgien du régiment.

Mais de Franchi rassembla ses forces, et, arrêtant Giordano, il lui fit signe de la tête que la chose était inutile.

En même temps, il tomba sur le second genou.

M. de Château-Renaud s’éloigna aussitôt ; mais ses deux témoins s’approchèrent du blessé.

Pendant ce temps, nous avions ouvert la redingote, déchiré le gilet et la chemise.

La balle entrait au-dessous de la sixième côte droite, et sortait un peu au-dessus de la hanche gauche.

À chaque expiration du moribond, le sang jaillissait par les deux blessures.

Il était évident que la plaie était mortelle.

— Monsieur de Franchi, dit le vicomte de Châteaugrand, nous sommes désolés, croyez-le bien, du résultat de cette malheureuse affaire, et nous espérons que vous êtes sans haine contre M. de Château-Renaud.

— Oui, oui…, murmura le blessé, oui, je lui pardonne… ; mais qu’il parte… qu’il parte…

Puis, se retournant avec effort de mon côté :

— Souvenez-vous de votre promesse, me dit-il.

— Oh ! je vous jure qu’il sera fait comme vous désirez.

— Et maintenant, dit-il en souriant, regardez la montre.