Page:Dumas - Les Frères Corses, 1881.djvu/138

Cette page a été validée par deux contributeurs.
126
LES FRÈRES CORSES

— J’ai mon coupé, dit le baron, et, en nous pressant un peu, nous tiendrons trois. D’ailleurs, comme nous sommes un peu en retard, nous irons toujours plus vite avec mes chevaux qu’avec des chevaux de fiacre.

— Partons, dit Louis.

Nous descendîmes. À la porte, Joseph nous attendait.

— Irai-je avec monsieur ? demanda-t-il.

— Non, Joseph, répondit Louis, non, c’est inutile, je n’ai pas besoin de vous.

Puis, restant un peu en arrière :

— Tenez, mon ami, dit-il en lui mettant dans la main un petit rouleau d’or ; et, si parfois, dans mes moments de mauvaise humeur, je vous ai brusqué, pardonnez-le-moi.

— Oh ! monsieur, s’écria Joseph les larmes aux yeux, qu’est-ce que cela signifie ?

— Chut ! dit Louis.

Et, s’élançant dans la voiture, il se plaça entre nous deux.

— C’était un bon serviteur, dit-il, en jetant un dernier regard sur Joseph, et, si vous pouvez lui être utile, l’un ou l’autre, je vous en serai reconnaissant.

— Est-ce que tu le renvoies ? demanda le baron.

— Non, dit en souriant Louis, je le quitte, voilà tout.

Nous nous arrêtâmes à la porte de Devisme, juste le temps nécessaire pour prendre une boîte de pistolets,