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LES FRÈRES CORSES

« La porte s’ouvrit d’elle-même devant lui… Il disparut, et la porte se referma.

Ce récit était si simplement et si naturellement fait, qu’il était évident, ou que la scène que racontait de Franchi avait eu lieu effectivement, ou qu’il avait été, dans la préoccupation de son esprit, le jouet d’une illusion qu’il avait prise pour la réalité, et qui, par conséquent, était aussi terrible qu’elle.

J’essuyai la sueur qui me coulait du front.

— Maintenant, continua Louis, vous connaissez mon frère, n’est-ce pas ?

— Oui.

— Que croyez-vous qu’il fasse s’il apprend que j’ai été tué en duel ?

— Il partira à l’instant même de Sullacaro pour venir se battre avec celui qui vous aura tué.

— Justement, et, s’il est tué à son tour, ma mère sera trois fois veuve, veuve de son mari, veuve de ses deux fils.

— Oh ! je comprends, c’est affreux !

— Eh bien, c’est ce qu’il faut éviter. Voilà pourquoi j’ai voulu écrire cette lettre. Croyant que je suis mort d’une fièvre cérébrale, mon frère ne s’en prendra à personne, et ma mère se consolera plus facilement, me croyant atteint par la volonté de Dieu, que, si elle me sait frappé par la main des hommes. À moins que…

— À moins que ?… répétai-je.