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LES FRÈRES CORSES

« Le jour même où vous vous présentâtes chez moi, j’avais reçu une lettre anonyme. Cette lettre était de la part d’une dame inconnue qui me donnait rendez-vous au bal de l’Opéra.

« Cette dame me disait qu’elle avait certains renseignements à me communiquer sur une dame de mes amies, dont elle se contentait pour le moment de me dire le prénom,

« Ce prénom était Émilie.

« Je devais la reconnaître à un bouquet de violettes.

« Je vous dis alors que j’aurais dû ne point aller à ce bal ; mais, je vous le répète, j’étais poussé par la fatalité.

« J’y vins ; je trouvai mon domino à l’heure et à la place indiquées. Il me confirma ce qu’on m’avait déjà dit, que M. de Château-Renaud était l’amant d’Émilie, et, comme j’en doutais, ou plutôt comme je faisais semblant d’en douter, il me donna cette preuve que M. de Château-Renaud avait parié qu’il conduirait sa nouvelle maîtresse souper chez M. D…

« Le hasard a fait que vous connaissiez M. D… ; que vous étiez invité à ce souper ; que vous aviez la faculté d’y mener un ami ; que vous avez proposé de m’y conduire, et que j’ai accepté.

« Vous savez le reste.

« Maintenant, que puis-je faire autrement sinon que d’attendre et d’accepter les propositions qui me seront faites ?