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LES FRÈRES CORSES

— Ma foi, répondit D…, je ne crois pas qu’il y ait grande indiscrétion à vous nommer le masque, d’autant plus que, selon toute probabilité, vous ne le connaissez pas. C’est madame…

Louis posa la main sur le bras de D…

— Monsieur, lui dit-il, en faveur de notre nouvelle connaissance, accordez-moi une grâce.

— Laquelle, monsieur ?

— Ne nommez pas la personne qui doit venir avec M. de Château-Renaud : vous savez que c’est une femme mariée.

— Oui, mais dont le mari est à Smyrne, aux Indes, au Mexique, je ne sais où. Quand on a un mari si loin, vous le savez, c’est comme si on n’en avait pas.

— Son mari revient dans quelques jours ; je le connais ; c’est un galant homme, et je voudrais, si c’est possible, lui épargner le chagrin d’apprendre, à son retour, que sa femme a fait une pareille inconséquence.

— Alors, monsieur, excusez-moi, dit D… J’ignorais que vous connussiez cette dame ; je doutais même qu’elle fût mariée ; mais, puisque vous la connaissez, puisque vous connaissez son mari…

— Je les connais.

— Nous y mettrons la plus grande discrétion. Messieurs et mesdames, que Château-Renaud vienne ou ne vienne pas, qu’il vienne seul ou accompagné, qu’il