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LES FRÈRES CORSES

la pendule, je jetai les yeux sur le cadran : il était deux heures trente-cinq minutes.

— Connaissez-vous ce M. de Château-Renaud ? me demanda Louis avec une voix dont il essayait vainement de dissimuler l’émotion.

— De vue seulement ; je l’ai rencontré parfois dans le monde.

— Alors ce n’est pas un de vos amis ?

— Ce n’est pas même une simple connaissance,

— Ah ! tant mieux ! me dit Louis.

— Pourquoi cela ?

— Pour rien.

— Mais, vous-même, le connaissez-vous ?

— Indirectement.

Malgré l’évasif de la réponse, il me fut facile de voir qu’il y avait entre M. de Franchi et M. de Château-Renaud quelqu’une de ces relations mystérieuses dont une femme est le conducteur. Un sentiment instinctif me fit comprendre alors qu’il vaudrait mieux pour mon compagnon que nous rentrassions chacun chez nous.

— Tenez, lui dis-je, monsieur de Franchi, voulez-vous en croire mon conseil ?

— En quoi, dites ?

— N’allons pas souper chez D…

— À quel propos ? Ne nous attend-il pas, ou plutôt ne lui avez-vous pas dit que vous lui ameniez un convive ?