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LES FRÈRES CORSES

pas de bouquets à mettre dans vos carafes : je suis avec un ami.

— Eh bien, mais vous savez le proverbe : « Les amis de nos amis… »

— C’est un jeune homme que vous ne connaissez pas.

— Eh bien, nous ferons connaissance.

— Je lui proposerai cette bonne fortune.

— Oui, et, s’il refuse, amenez-le de force.

— Je ferai ce que je pourrai, je vous le promets… Et à quelle heure se met-on à table ?

— À trois heures ; mais, comme on y restera jusqu’à six, vous avez de la marge.

— C’est bien.

Un bouquet de myosotis, qui peut-être avait entendu la dernière partie de notre conversation, prit alors le bras de D…, et s’éloigna avec lui.

Quelques instants après, je rencontrai Louis, qui, selon toute probabilité, en avait fini avec son bouquet de violettes.

Comme mon domino était doué d’un esprit assez médiocre, je l’envoyai intriguer un de mes amis, et je repris le bras de Louis.

— Eh bien, lui dis-je, avez-vous appris ce que vous vouliez savoir ?

— Oh ! mon Dieu, oui : vous savez bien qu’en général on ne nous dit au bal masqué que les choses qu’on devrait nous laisser ignorer.