sieur le surintendant. Tenez, faites-les-moi voir.
Biscarrat arriva le premier à l'ouverture de la grotte.
— Quand Votre Majesté voudra.
— Avez-vous quelque moyen de transport ? Ce serait demain si vous vouliez.
Le surintendant sentit le coup, qui n’était pas adroit, et il répondit :
— Non, sire : j’ignorais le désir de Votre Majesté, j’ignorais surtout sa hâte de voir Belle-Isle, et je ne me suis précautionné en rien.
— Vous avez un bateau à vous, cependant ?
— J’en ai cinq ; mais ils sont tous, soit au Port, soit à Paimbœuf, et, pour les rejoindre ou les faire arriver, il faut au moins vingt-quatre heures. Ai-je besoin d’envoyer un courrier ? faut-il que je le fasse ?
— Attendez encore ; laissez finir la fièvre ; attendez à demain.
— C’est vrai… Qui sait si demain nous n’aurons pas mille autres idées ? répliqua Fouquet, désormais hors de doute et fort pâle.
Le roi tressaillit et allongea la main vers sa clochette ; mais Fouquet le prévint.
— Sire, dit-il, j’ai la fièvre ; je tremble de froid. Si je demeure un moment de plus, je suis capable de m’évanouir. Je demande à Votre Majesté la permission de m’aller cacher sous les couvertures.
— En effet, vous grelottez ; c’est affligeant à voir. Allez, monsieur Fouquet, allez. J’enverrai savoir de vos nouvelles.
— Votre Majesté me comble. Dans une heure, je me trouverai beaucoup mieux.
— Je veux que quelqu’un vous reconduise, dit le roi.
— Comme il vous plaira ; je prendrais volontiers le bras de quelqu’un.
— Monsieur d’Artagnan ! cria le roi en sonnant de sa clochette.
— Oh ! sire, interrompit Fouquet en riant d’un air qui fit froid au prince, vous me donnez un capitaine de mousquetaires pour me conduire