Venez-vous m'assassiner, monsieur ? — Page 708.
— Est-ce que vous avez vu M. Fouquet ? dit Aramis à d’Artagnan.
— Oui, en carrosse, à l’instant.
— Et que vous a-t-il dit ?
— Il m’a dit adieu.
— Voilà tout ?
— Que vouliez-vous qu’il me dît autre chose ? Est-ce que je ne compte pas pour rien depuis que vous êtes tous en faveur ?
— Écoutez, dit Aramis en embrassant le mousquetaire, votre bon temps est revenu ; vous n’aurez plus à être jaloux de personne.
— Ah bah !
— Je vous prédis pour ce jour un événement qui doublera votre position.
— En vérité !
— Vous savez que je sais les nouvelles ?
— Oh ! oui !
— Allons, Porthos, vous êtes prêt ? Partons !
— Partons !
— Et embrassons d’Artagnan.
— Pardieu !
— Les chevaux ?
— Il n’en manque pas ici. Voulez-vous le mien ?
— Non, Porthos a son écurie. Adieu ! adieu !
Les deux fugitifs montèrent à cheval sous les yeux du capitaine des mousquetaires, qui tint l’étrier à Porthos et accompagna ses amis du regard, jusqu’à ce qu’il les eût vus disparaître.
— En toute autre occasion, pensa le Gascon, je dirais que ces gens-là se sauvent ; mais, aujourd’hui, la politique est si changée, que cela s’appelle aller en mission. Je le veux bien. Allons à nos affaires.
Et il rentra philosophiquement à son logis.
CCXXVIII
COMMENT LA CONSIGNE ÉTAIT RESPECTÉE À LA BASTILLE
Fouquet brûlait le pavé. Chemin faisant, il