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Elle se laissa tomber sur les genoux. — Page 613.

— Eh bien, dit-il s’adressant à la fois au père et au fils, nous consolons l’enfant, à ce qu’il paraît ?

— Et vous, toujours bon, dit Athos, vous venez m’aider à cette tâche difficile.

Et, ce disant, Athos serra entre ses deux mains la main de d’Artagnan. Raoul crut remarquer que cette pression avait un sens particulier à part celui des paroles.

— Oui, répondit le mousquetaire en se grattant la moustache de la main qu’Athos lui laissait libre, oui, je viens aussi…

— Soyez le bienvenu, monsieur le chevalier, non pour la consolation que vous apportez, mais pour vous-même. Je suis consolé.

Et il essaya d’un sourire plus triste qu’aucune des larmes que d’Artagnan eût jamais vu répandre.

— À la bonne heure ! fit d’Artagnan.

— Seulement, continua Raoul, vous êtes arrivé comme M. le comte allait me donner les détails de son entrevue avec le roi. Vous permettez, n’est-ce pas, que M. le comte continue ?

Et les yeux du jeune homme semblaient vouloir lire jusqu’au fond du cœur du mousquetaire.

— Son entrevue avec le roi ? fit d’Artagnan d’un ton si naturel, qu’il n’y avait pas moyen de douter de son étonnement. Vous avez donc vu le roi, Athos ?

Athos sourit.

— Oui, dit-il, je l’ai vu.

— Ah ! vraiment, vous ignoriez que le comte eût vu Sa Majesté ? demanda Raoul à demi rassuré.

— Ma foi, oui ! tout à fait.