Page:Dumas - Le Vicomte de Bragelonne, 1876.djvu/546

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Votre Majesté a demandé un cheval, dit Malicorne. — Page 501.

— Il me semble, Louise, que, sous la sauvegarde du roi, l’on peut tout.

— Sous la sauvegarde du roi ? dit-elle avec un regard chargé d’amour.

— Oh ! vous croyez à ma parole, n’est-ce pas ?

— J’y crois lorsque vous n’y êtes pas, sire ; mais, lorsque vous y êtes, lorsque vous me parlez, lorsque je vous vois, je ne crois plus à rien.

— Que vous faut-il pour vous rassurer, mon Dieu ?

— C’est peu respectueux, je le sais, de douter ainsi du roi ; mais vous n’êtes pas le roi, pour moi.

— Oh ! Dieu merci, je l’espère bien ; vous voyez comme je cherche. Écoutez : la présence d’un tiers vous rassurera-t-elle ?

— La présence de M. de Saint-Aignan ? oui.

— En vérité, Louise, vous me percez le cœur avec de pareils soupçons.

La Vallière ne répondit rien, elle regarda seulement Louis de ce clair regard qui pénétrait jusqu’au fond des cœurs, et dit tout bas :

— Hélas ! hélas ! ce n’est pas de vous que je me défie, ce n’est pas sur vous que portent mes soupçons.

— J’accepte donc, dit le roi en soupirant, et M. de Saint-Aignan, qui a l’heureux privilège de vous rassurer, sera toujours présent à notre entretien, je vous le promets.

— Bien vrai, sire ?

— Foi de gentilhomme ! Et vous, de votre côté ?…

— Attendez, oh ! ce n’est pas tout.

— Encore quelque chose, Louise ?