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Le souper du roi. — Page 482.

— Oh ! vous n’avez pas entendu Madame, on le voit bien.

— J’en appellerai à ma mère.

— Oh ! vous n’avez pas vu votre mère !

— Elle aussi ? Pauvre Louise ! Tout le monde était donc contre vous ?

— Oui, oui, pauvre Louise, qui pliait déjà sous l’orage lorsque vous êtes venu, lorsque vous avez achevé de la briser.

— Oh ! pardon.

— Donc, vous ne fléchirez ni l’une ni l’autre ; croyez-moi, le mal est sans remède, car je ne vous permettrai jamais ni la violence ni l’autorité.

— Eh bien, Louise, pour vous prouver combien je vous aime, je veux faire une chose : j’irai trouver Madame.

— Vous ?

— Je lui ferai révoquer la sentence ; je la forcerai.

— Forcer ? Oh ! non, non !

— C’est vrai : je la fléchirai.

Louise secoua la tête.

— Je prierai, s’il le faut, dit Louis. Croirez-vous à mon amour après cela ?

Louise releva la tête.

— Oh ! jamais pour moi, jamais ne vous humiliez ; laissez-moi bien plutôt mourir.

Louis réfléchit, ses traits prirent une teinte sombre.

— J’aimerai autant que vous avez aimé, dit-il ; je souffrirai autant que vous avez souffert ; ce sera mon expiation à vos yeux. Allons, Mademoiselle, laissons là ces mesquines considéra-