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de la blessure de la poitrine qui aurait, le médecin le craignait du moins, offensé quelque organe essentiel.
Porthos prit le garçon par la ceinture, l'enleva de terre et le posa doucement de l'autre côté. — Page 451.

— Alors il peut mourir ?

— Mourir, oui, Madame, et sans même avoir la consolation de savoir que vous avez connu son dévouement.

— Vous le lui direz.

— Moi ?

— Oui ; n’êtes-vous pas son ami ?

— Moi ? Oh ! non, Madame, je ne dirai à M. de Guiche, si le malheureux est encore en état de m’entendre, je ne lui dirai que ce que j’ai vu, c’est-à-dire votre cruauté pour lui.

— Monsieur, oh ! vous ne commettrez pas cette barbarie !

— Oh ! si fait, Madame, je dirai cette vérité ; car, enfin, la nature est puissante chez un homme de son âge. Les médecins sont savants, et si, par hasard, le pauvre comte survivait à sa blessure, je ne voudrais pas qu’il restât exposé à mourir de la blessure du cœur après avoir échappé à celle du corps.

Sur ces mots, Manicamp se leva, et, avec un profond respect, parut vouloir prendre congé.

— Au moins, Monsieur, dit Madame en l’arrêtant d’un air presque suppliant, vous voudrez bien me dire en quel état se trouve le malade ; quel est le médecin qui le soigne ?

— Il est fort mal, Madame, voilà pour son état. Quant à son médecin, c’est le médecin de