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La jeune fille ne put retenir un cri d'effroi. — Page 429.

— Si fait ; moi, je soupe.

— Pouvez-vous causer dix minutes avec moi ?

— Vingt. Il en faut tout autant pour que Sa Majesté se mette à table.

— Où voulez-vous que nous causions ?

— Mais ici, sur ces bancs : le roi parti, l’on peut s’asseoir, et la salle est vide.

— Asseyons-nous donc.

Ils s’assirent. Aramis prit une des mains de d’Artagnan.

— Avouez-moi, cher ami, dit-il, que vous avez engagé Porthos à se défier un peu de moi ?

— Je l’avoue, mais non pas comme vous l’entendez. J’ai vu Porthos s’ennuyer à la mort, et j’ai voulu, en le présentant au roi, faire pour lui et pour vous ce que jamais vous ne ferez vous-même.

— Quoi ?

— Votre éloge.

— Vous l’avez fait noblement merci !

— Et je vous ai approché le chapeau qui se reculait.

— Ah ! je l’avoue, dit Aramis avec un singulier sourire ; en vérité, vous êtes un homme unique pour faire la fortune de vos amis.

— Vous voyez donc que je n’ai agi que pour faire celle de Porthos.

— Oh ! je m’en chargeais de mon côté ; mais vous avez le bras plus long que nous.

Ce fut au tour de d’Artagnan de sourire.

— Voyons, dit Aramis, nous nous devons la