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Le comte commença au milieu d'un silence profond. — Page 406.

— Ah ! tiens, dit le mousquetaire continuant son ironie insensible, tiens, je ne savais pas, moi !

— Vous ne m’avez donc pas vu danser ? demanda le roi.

— Oui ; mais j’ai cru que cela irait toujours de plus fort en plus fort. Je me suis trompé : raison de plus pour que je me retire. Sire, je le répète, vous n’avez pas besoin de moi ; d’ailleurs, si Votre Majesté en avait besoin, elle saurait où me trouver.

— C’est bien, dit le roi.

Et il accorda le congé.

Nous ne chercherons donc pas d’Artagnan à Fontainebleau, ce serait chose inutile ; mais, avec la permission de nos lecteurs, nous le retrouverons rue des Lombards, au Pilon-d’Or, chez notre vénérable ami Planchet.

Il est huit heures du soir, il fait chaud, une seule fenêtre est ouverte : c’est celle d’une chambre de l’entre-sol.

Un parfum d’épiceries, mêlé au parfum moins exotique, mais plus pénétrant, de la fange de la rue, monte aux narines du mousquetaire.

D’Artagnan, couché sur une immense chaise à dossier plat, les jambes, non pas allongées, mais posées sur un escabeau, forme l’angle le plus obtus qui se puisse voir.

L’œil, si fin et si mobile d’habitude, est fixe, presque voilé, et a pris pour but invariable le petit coin du ciel bleu que l’on aperçoit derrière la déchirure des cheminées ; il y a du bleu tout