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lière ou pour vous rapporter la lettre elle-même.
Madame tendit sa belle main parfumée au jeune homme, qui y appuya ses lèvres. — Page 405.

Aramis observait curieusement le laquais.

Fouquet était facile dans sa confiance ; vingt ans cet homme l’avait bien servi.

— Va, dit-il, c’est bien ; mais apporte-moi la preuve que tu dis.

Le laquais sortit.

— Eh bien, qu’en pensez-vous ? demanda Fouquet à Aramis.

— Je pense qu’il faut, par un moyen quelconque, vous assurer de la vérité. Je pense que la lettre est ou n’est pas parvenue à La Vallière ; que, dans le premier cas, il faut que La Vallière vous la rende ou vous donne la satisfaction de la brûler devant vous ; que, dans le second, il faut ravoir la lettre, dût-il nous en coûter un million. Voyons, n’est-ce pas votre avis ?

— Oui ; mais cependant, mon cher évêque, je crois que vous exagérez la situation.

— Aveugle, aveugle que vous êtes ! murmura Aramis.

— La Vallière, que nous prenons pour une politique de première force, est tout simplement une coquette qui espère que je lui ferai la cour parce que je la lui ai déjà faite, et qui, maintenant qu’elle a reçu confirmation de l’amour du roi, espère me tenir en lisière avec la lettre. C’est naturel.

Aramis secoua la tête.

— Ce n’est point votre avis ? dit Fouquet.

— Elle n’est pas coquette, dit-il.