Page:Dumas - Le Mois, tomes 1 à 2, mars 1848 - novembre 1849.djvu/16

Cette page n’a pas encore été corrigée

Urbain a dit : « Dieu le veut », il a accneilli avec sympathie les décrets pontificaux qui poussent l'Italie vers la liberté. D'ailleurs, son ambition a (oui à gagner à la chute de la puissance autrichienne dans ïe royaume lombardo-vénilien. Du haut des Alpes, il regarde depuis long-lcmps avec convoitise ces belles plaines qui s'étendent de Milan à Venise. C'est un héritage qui ne peut manquer île lui revenir un jour. Il est à l'Italie ce que FrédéricGuillaume est à la Prusse; le rêve des deux monarques est le même. L'un veut l'unité de l'Allemagne, l'autre celle de l'Italie, ù la condition cependant que l'un prendra le titre de roi d'Italie, et l'autre celui d'empereur d'Allemagne.

Aussi assisle-t-il l'arme au bras à tout ce qui se passe: son armée, l'une des mieux disciplinées qui existent, est sur le pied de guerre, et prêle à marcher où le vent de son intérêt le poussera. Il sourit à Charles-Louis, devenant prince de Parme a-la mort de Marie-Louise, car il connaît la faiblesse; il sourit à Charles V, duc de Modène, de Reggio et de Mirandola, car il connaît l'entêtement; il sourit surtout à Charles-Ferdinand des Deux-Siciles et de Jérusalem, car il connaît l'ineptie et la brutalité. Chaque faute que fait l'un ou l'autre de ces souverains est faite à son profit. Il les appelle, il les désire; plus ils feront de fautes, plus il aura de chances. Duc de Modène, faites éti;auglèr Menotli; ro'tde Naples, faites fusiller les frères Bandiera; plus vous élevez de gibets, plus vous élevez d'échafauds, plus vous ferez la chance favorable, plus vous ferez la partie sûre au roi Charles-Albert.

Enfin, en France, Louis-Philippe règne.

Il est né le 6 octobre 1773 ; il est monté sur le trône le 9 août 1830 ; il a épousé, le 25 novembre 1809, Marie-Amélie, fille du roi des Deux-Siciles.

II a eu cinq fils et trois filles; mais la mort est entrée deux fois dans sa maison.

La première fois, elle a touché du doigt la princesse Marie, cette royale artiste qui afait Jeanne-d'Arc et l'Ange en prière.

La seconde fois, le duc d'Orléans, qui s'est tué, le 13 juillet 1842, sur ce même chemin de la Révolte que Louis XV a fait percer, à la suite du pacte de famine, pour ne pas traverser Paris.

Les quatre fils qui restent sont:

M. le duc de Nemours, futur régent de

France, dont l'impopularité est devenue proverbiale.

M. le prince de Joinville, vice-amiral, que la marine adore pour ses relations a la fois sérieuses cl affables : il faisait de l'opposilion, et a été envoyé en exil a Alger.

M. le duc d'Aumale, à qui l'on reproche un défaut qui, chez son père, est presque un crime, l'avarice. Il est bon général, brave, juste et aimé de l'armée ; peut-être affecle-il un peu dans les salons la tenue et les habitudes militaires. Le duc d'Orléans disait de lui que c'était la forte tête de la famille. Il a été nommé gouverneurgénéral de l'Algérie ei habite son gouvernement.

M. le duc de Montpensier, qui, n'ayant aucun avenir politique, paraît disposé à se créer parmi les artistes et les gens de lettres une popularité qui n'aura rien de dangereux pour son père ni pour son frèt e. Dans la conversation intime il fait de l'opposition, mais comme un jeune homme de vingt-trois ans peut en faire contre un vieillard de soixante-seize. Plusieurs fois, celui qui écrit ces lignes lui a entendu dire qu'il ne lisait que deux journaux, pareeque ces deux journaux paraissaient lui représenter, l'un un principe politique, l'autre une idée sociale : le National et la Démocratie pacifique.

Des deux autres princesses, l'une a épousé le roi des Belges, l'aulre le prince de Saxe-Cobourg-Gotha.

Le roi, malgré ses soixante-seize ans, malgré la mort de sa sœur, madame Adélaïde, son conseil intime; malgré la succession de six ou huit ministères, représentés par MM. Laffitle, Casimir Périer, Soult, Thiers, Molé, de Broglie et Guizot, s'est toujours vanté d'être et a toujours été la pensée immuable. Placé en 1830 entre deux alternatives, pouvant être l'allié des souverains, ou le réprésentant des peuples, il est tombé dans la faute commise par ses prédécesseurs, et a opté pour les souverains. Les journées des 5 et 6 juin, du 10 avril 1834, des 12 et 13 mai 1839, ne l'ont point éclairé; c'est vainement que Fieschi, Alibaud, Meunier, Darmès, Lecomle et Henry, ont tiré sur lui ; il a vu dans toutes ces tentatives échouées. non pas un avertissement de la Providence, mais une protection de Dieu ; et il en est arrivé, dans son aveuglement, à lutter, non plus contre des partis isolés, mais contre la majorité de la France. Appuyé sur les deux hommes de sa confiance, Guizot et Duchàtel,