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Seulement, cette fois, ce n’était point un daim timide qui conduisait les chiens ; c’était le loup dont Marcotte avait eu connaissance la veille et qu’il était parvenu à rembucher le matin même.

C’était un vrai loup que celui-là.

Il devait compter de nombreuses années, quoiqu’on l’eût entrevu au lancer, et que l’on se fût aperçu avec étonnement qu’il était tout noir.

Mais, noir ou gris, il était hardi, entreprenant, et promettait rude besogne à l’équipage du baron Jean.

Attaqué près de Vertefeuille, dans le fond Dargent, il avait traversé le champ Meutard, laissé Fleury et Dampleux à sa gauche, traversé la route de la Ferté-Milon, et était allé se faire battre dans les fonds d’Ivors.

Là, renonçant, à poursuivre la pointe commencée, il avait fait un hourvari, était rentré dans ses voies et revenu sur ses pas en suivant si exactement le chemin qu’il avait déjà parcouru, que le baron Jean retrouvait, tout en galopant, les empreintes que le sabot de son cheval avait laissées le matin.

Rentré dans le canton de Bourg-Fontaine, le loup l’avait battu dans tous les sens ; puis il avait amené les chasseurs juste à l’endroit où avaient commencé leurs mésaventures de la veille, précisément aux environs de la hutte du sabotier.

Thibault, qui, d’après les résolutions que nous avons dites, comptait dans la soirée aller rendre visite à l’Agnelette, s’était mis à la besogne de grand matin.

Vous me demanderez pourquoi, au lieu de se mettre à une besogne qui rapportait si peu à l’ouvrier, de son propre aveu, Thibault n’allait pas conduire son daim aux dames de Saint-Rémy.

Thibault s’en serait bien gardé !