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bon génie, il sentait renaître dans son âme les envieuses aspirations qui le tourmentaient si fréquemment.

Il était nuit lorsqu’il rentra chez lui.


IV


le loup noir


Le premier soin de Thibault fut de souper ; car sa fatigue était grande.

La journée avait été accidentée, et il paraît qu’au nombre de ces accidents, il en était quelques-uns qui avaient le privilège de creuser l’estomac.

Ce souper n’était pas aussi savoureux que celui qu’il s’était promis en tuant le daim.

Mais le daim, comme nous l’avons dit, n’avait pas été tué par Thibault, et l’appétit féroce qui le galopait lui faisait trouver le goût du daim à son pain noir.

Ce frugal repas était à peine commencé, lorsque Thibault s’aperçut que sa chèvre – nous croyons avoir dit qu’il avait une chèvre – poussait des bêlements désespérés.

Il pensa qu’elle aussi bramait après son souper, et, prenant dans l’appentis une brassée d’herbes fraîches, il alla les lui porter.

Lorsqu’il ouvrit la petite porte de l’étable, la chèvre en sortit si brusquement, qu’elle faillit renverser son maître.

Puis, sans s’arrêter à la provende que lui apportait Thibault, elle courut à la maison.

Thibault jeta là son fardeau et s’en alla chercher l’a-