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était à tes pieds. Que diable ! il a fait en passant plus de bruit qu’une souris, et il est impossible que tu ne l’aies pas aperçu !

– Il a tué la bique, dit Marcotte, puis il l’a cachée dans quelque buisson, voilà qui est clair comme le jour du Bon Dieu.

– Ah ! monseigneur, s’écria Thibault, qui savait mieux que personne l’erreur faite par le premier piqueur dans une pareille accusation, monseigneur, par tous les saints du paradis, je vous jure que je n’ai pas tué votre daim, je vous le jure sur le salut de mon âme, et, si je lui ai fait une seule égratignure, que je périsse à l’instant même ! D’ailleurs, si j’avais tué le daim, je ne l’aurais pas tué sans lui faire une blessure quelconque ; par cette blessure, le sang aurait coulé : cherchez, monsieur le piqueur, et, Dieu merci ! vous ne trouverez pas trace de sang. Moi, avoir tué le pauvre animal ! Et avec quoi, mon Dieu ? Où est mon arme ? Dieu merci ! je n’ai d’autre que ma serpe. Voyez plutôt, monseigneur.

Par malheur pour Thibault, il n’avait pas plutôt achevé ces paroles que maître Engoulevent qui, depuis quelques instants, rôdait dans les environs, reparut tenant en main l’épieu que Thibault avait jeté dans un buisson avant d’escalader son chêne.

Il présenta l’arme au seigneur Jean.

Engoulevent était bien décidément le mauvais génie de Thibault.