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par leurs sentinelles, s’étaient armés de fourches et de bâtons, pour lui donner la chasse.

Thibault, qui connaissait l’état désespéré d’Agnelette, n’avait pu résister au désir de la voir une dernière fois.

Au risque de tout ce qui pouvait lui arriver, il avait traversé le village, se fiant à la rapidité de sa course, avait ouvert la porte de la cabane et était allé revoir la mourante.

Les deux femmes indiquèrent aux paysans la porte par laquelle Thibault était sorti, et ceux-ci, comme une meute qui en revoit, s’élancèrent sur ses traces en redoublant de menaces et de clameurs.

Thibault, bien entendu, échappa à ses ennemis, et disparut dans la forêt.

Mais, après la secousse effroyable qu’Agnelette venait de recevoir de la présence et du contact de Thibault, l’état de la malade devint si alarmant, que l’on dut, dans le courant de cette même nuit, aller chercher le prêtre.

Il était évident qu’Agnelette n’avait plus que quelques heures à souffrir.

Vers minuit, le prêtre entra, suivi du sacristain qui portait la croix, et des enfants de chœur qui portaient l’eau bénite.

Ces derniers s’agenouillèrent au pied du lit, tandis que le prêtre s’approchait du chevet.

Alors, Agnelette parut ranimée par une force mystérieuse.

Elle parla longtemps bas avec le prêtre, et, comme on savait bien que la pauvre enfant n’avait pas si longtemps à prier pour elle, on comprit qu’elle priait pour un autre.

Cet autre, quel était-il ?

Dieu, le prêtre et elle le savaient seuls.