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château, reportons chez eux la désolation qu’ils ont apportée chez moi.

Et alors, comme un chef de condottieri suivi de ses routiers, le meneur de loups, suivi de toute sa bande, se mit en quête de désolation et de carnage.

Cette fois, ce n’étaient plus les cerfs, les daims, les chevreuils et le gibier timide qu’il s’agissait de poursuivre.

Protégé par les ténèbres de la nuit, Thibault s’approcha d’abord du château de Vez, car là était son principal ennemi.

Le baron avait trois fermes dépendantes du château, des écuries remplies de chevaux, des étables remplies de vaches, des parcs remplis de moutons.

Dès la première nuit, tout fut attaqué.

Le lendemain, deux chevaux étaient étranglés dans les écuries, quatre vaches dans l’étable, dix moutons dans les parcs.

Le baron douta un instant que le désastre vînt d’animaux auxquels il livrait une si terrible guerre ; cela avait l’air, non pas de l’agression brutale d’une horde de bêtes fauves, mais de représailles intelligentes.

Cependant, à la trace des dents sur les blessures, aux vestiges des pattes sur la terre, il fallut bien reconnaître que de simples loups étaient auteurs de la catastrophe.

Le lendemain, on s’embusqua.

Mais Thibault et ses loups étaient du côté opposé de la forêt.

Ce furent les écuries, les étables et les parcs de Soucy et de Viviers qui furent décimés.

Le surlendemain, ce furent Boursonnes et Yvors.

L’œuvre de destruction, une fois commencée, devait se poursuivre avec acharnement.

Le meneur de loups ne quittait plus ses loups ; il