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Il y trouva le flacon que la comtesse avait tiré la veille de son écrin.

Il ouvrit l’autre main.

Il y trouva un papier sur lequel étaient écrits ces seuls mots : Fidèle au rendez-vous.

Fidèle jusqu’après la mort, en effet.

La comtesse était morte.

Les illusions de Thibault lui échappaient les unes après les autres, comme les rêves du dormeur échappent à l’homme au fur et à mesure qu’il se réveille.

Seulement, dans les rêves des autres hommes, les morts se relèvent.

Les morts de Thibault, eux, restaient couchés.

Il s’essuya le front, alla à la porte du corridor, la rouvrit, et trouva Lisette agenouillée en priant.

– La comtesse est donc morte ? demanda Thibault.

– La comtesse est morte, et le comte est mort.

– Des suites des blessures qu’il avait reçues dans son combat avec le baron Raoul ?

– Non, du coup de poignard que lui a donné la comtesse.

– Oh ! oh ! fit Thibault essayant de grimacer le rire au milieu de ce sombre drame, c’est toute une histoire nouvelle et que je ne connais pas.

Cette histoire, la femme de chambre la lui raconta.

Elle était simple, mais terrible.

La comtesse était restée couchée une partie de la journée, écoutant sonner les cloches du village de Puiseux, qui annonçaient le départ du corps de Raoul pour le château de Vauparfond, où il devait être inhumé dans le caveau de ses ancêtres.

Vers quatre heures de l’après-midi, les cloches cessèrent de sonner.

Alors la comtesse s’était levée ; elle avait pris le poignard sous son oreiller, l’avait caché dans sa poi-