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Thibault devenait tellement insoucieux à toute chose, qu’il n’eut de l’événement ni plaisir ni regret, ni satisfaction ni remords ; il songea seulement que cela simplifiait les desseins de la comtesse, qui n’aurait plus à se venger que de son mari.

Puis il s’établit entre les rochers le plus à l’abri du vent qu’il lui fut possible, afin d’y passer tranquillement la journée.

Vers midi, il entendit le cor du seigneur Jean et les abois de sa meute.

Le grand veneur chassait, mais la chasse passa assez loin de Thibault pour ne pas le déranger.

La nuit vint.

À neuf heures, Thibault se mit en route.

Il retrouva sa brèche, suivit son chemin et arriva au hangar où l’avait attendu Lisette le jour où il y venait sous les traits du baron Raoul.

La pauvre fille était toute tremblante.

Thibault voulut suivre les traditions et commença par l’embrasser.

Mais elle fit un bond en arrière avec un effroi visible.

– Oh ! dit-elle, ne me touchez pas ou j’appelle.

– Peste ! la belle fille, dit Thibault, vous n’étiez pas si revêche l’autre jour avec le baron Raoul.

– Oui, dit la suivante ; mais il s’est passé bien des choses depuis l’autre jour.

– Sans compter celles qui se passeront encore, dit allègrement Thibault.

– Oh ! répondit la chambrière d’un air sombre, je crois que maintenant le plus fort est fait.

Puis, marchant la première :

– Si vous voulez venir, dit-elle, suivez-moi.

Thibault la suivit.

Sans prendre aucune précaution, Lisette traversa tout l’espace libre qui séparait le massif du château.