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La comtesse regagna sa chambre, où elle attendit que Lisette lui amenât l’inconnu.

Dix minutes après, Lisette entra très pâle.

– Ah ! madame, dit-elle, ce n’était pas la peine de l’aller chercher.

– Pourquoi cela ? demanda la comtesse.

– Parce qu’il connaît le chemin aussi bien que moi ! Oh ! si madame savait ce qu’il m’a dit ! À coup sûr, madame, cet homme, c’est le démon !

– Faites-le entrer, dit la comtesse.

– Le voici ! dit Thibault.

– C’est bien, dit la comtesse à Lisette ; laissez-nous, mademoiselle.

Lisette se retira. La comtesse resta seule avec Thibault. L’aspect de Thibault n’avait rien de rassurant. On sentait dans l’homme la fermeté d’une résolution prise, et il était facile de voir que la résolution était mauvaise : la bouche était contractée par un rire satanique, l’œil brillait d’une lueur infernale.

Au lieu de cacher ses cheveux rouges, Thibault, cette fois, les avait étalés complaisamment.

Ils retombaient sur son front comme un panache de flamme.

Et cependant la comtesse fixa sans pâlir son regard sur Thibault.

– Cette fille disait que vous connaissiez le chemin de ma chambre ; y êtes-vous déjà venu ?

– Oui, madame, une fois.

– Quand cela ?

– Avant-hier.

– À quelle heure ?

– De dix heures et demie à minuit et demi.

La comtesse regarda Thibault en face.

– Ce n’est pas vrai ! dit-elle.