Page:Dumas - Le Meneur de loups (1868).djvu/194

Cette page a été validée par deux contributeurs.

– Ah ! monseigneur, dit le bailli, que voilà un effroyable récit !

– Et notez bien, compère, que je crois l’avoir adouci plutôt que chargé ; d’ailleurs, vous verrez ce que vous dira madame Magloire lorsqu’elle sera revenue à elle…

– Eh ! tenez, monseigneur, la voici qui bouge.

– Bon ! brûlez-lui une plume sous le nez, compère.

– Une plume ?

– Oui, c’est un antispasmodique souverain ; brûlez-lui une plume sous le nez, et elle reviendra.

– Mais où trouver une plume ? dit le bailli.

– Eh ! parbleu ! tenez, celle qui borde mon chapeau.

Et le seigneur Jean, brisant quelques franges de la plume d’autruche qui garnissait son chapeau, les donna à maître Magloire, qui les brûla à la bougie et en mit la fumée sous le nez de sa femme.

Le remède était souverain, à ce qu’avait dit le seigneur Jean.

L’effet en fut prompt.

Madame Magloire éternua.

– Ah ! s’écria le bailli tout joyeux, la voilà qui revient ! Ma femme ! ma chère femme ! ma chère petite femme !

Madame Magloire poussa un soupir.

– Monseigneur ! monseigneur ! s’écria le bailli, elle est sauvée !

Madame Magloire ouvrit les yeux, regarda alternativement et d’un air effaré le bailli et le seigneur Jean ; puis enfin, fixant son rayon visuel sur le bailli :

– Magloire ! mon cher Magloire ! dit-elle, c’est donc bien vous ! Oh ! que je suis heureuse de vous revoir au sortir d’un si mauvais rêve !

– Eh bien, murmura Thibault, en voilà une luronne ! Si je n’en arrive pas à mes fins avec les dames après