Page:Dumas - Le Meneur de loups (1868).djvu/183

Cette page a été validée par deux contributeurs.

coquetterie, lorsque tout à coup un bruit sec et vibrant comme celui d’un corps dur qui frappe une vitre le fit tressaillir.

Dame Suzanne, à ce bruit, tressaillit aussi de son côté.

Puis elle éteignit immédiatement la lumière, et le sabotier l’entendit qui s’approchait de la fenêtre sur la pointe du pied et qui l’ouvrait avec toute la discrétion imaginable.

À cette fenêtre se murmurèrent quelques paroles que Thibault ne put entendre.

Mais, en entrebâillant le rideau, il distingua dans l’obscurité la forme d’une espèce de géant qui paraissait escalader la fenêtre.

Le souvenir de son aventure avec l’inconnu dont il n’avait pas voulu lâcher le manteau, et dont il s’était si heureusement débarrassé en lui envoyant une pierre au milieu du front, lui revint alors à l’esprit.

Il lui sembla, en s’orientant, que c’était de cette même fenêtre que descendait le géant lorsqu’il lui avait posé les pieds sur les deux épaules.

Au reste, le soupçon était logique.

Puisqu’un homme montait à cette fenêtre, un homme avait bien pu en descendre.

Et, si un homme en était descendu, à moins de supposer à madame Magloire des connaissances bien étendues et des goûts bien variés, – si un homme en était descendu, disons-nous, c’était probablement l’homme qui y montait à cette heure.

En somme, quel que fût ce nocturne visiteur, dame Suzanne tendit la main à l’apparition, laquelle sauta si lourdement dans la chambre, que le plancher en trembla et que tous les meubles en vacillèrent.

Il était évident que l’apparition n’était point un esprit, mais un corps, et que ce corps appartenait à la catégorie des corps pesants.