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La chambre no 1 du corridor était celle de maître Magloire.

La chambre no 2 était celle de sa femme.

Enfin, la chambre no 3 était la sienne.

Seulement, de la chambre du bailli à celle de sa femme, on communiquait par une porte intérieure ; tandis que sa chambre à lui, Thibault, n’avait d’autre porte que celle du corridor.

En outre, il avait remarqué que dame Suzanne était entrée dans la chambre de son époux.

Il pensa justement qu’un pieux devoir de conjugalité la conduisait là.

Le bon bailli était dans un état qui approchait fort de celui où était Noé quand il fut insulté par ses fils : dame Suzanne dut lui prêter assistance pour qu’il rentrât dans sa chambre.

Thibault sortit de la sienne sur la pointe du pied, referma la porte avec soin, alla écoute à la porte de la baillive, n’entendit aucun bruit dans la chambre, chercha de la main la clef, la trouva sur la serrure, respira un instant, puis essaya d’un tour.

La porte s’ouvrit.

La chambre était dans une obscurité complète.

Mais Thibault, à force de fréquenter les loups, avait acquis quelques-unes de leurs qualités, et, entre autres, celle d’y voir la nuit.

Il jeta donc un regard rapide autour de la chambre, vit à sa droite la cheminée ; en face de la cheminée, un canapé avec une grande glace ; derrière lui, du côté de la cheminée, le lit tout drapé de lampas ; devant lui, du côté du canapé, une toilette toute ruisselante de dentelles, et, enfin, deux grandes croisées drapées.

Il se cacha derrière les rideaux de l’une des fenêtres, et choisit instinctivement, pour se cacher, celle qui était la plus éloignée de la chambre de l’époux.