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un bout de toilette, et ce qui consiste, en général, en un changement complet de décoration.

Bientôt vint l’heure de se mettre à table.

Dame Suzanne descendit de son appartement.

Elle était éblouissante avec sa belle robe de damas gris brodée de cannetille, et les transports amoureux qu’elle excita chez Thibault empêchèrent le sabotier de songer à l’embarras dans lequel il devait nécessairement se trouver en festoyant pour la première fois en si belle et si aristocratique compagnie.

Thibault, disons-le à sa louange, ne s’en tirait pas trop mal.

Non seulement il envoyait à ciel ouvert œillade sur œillade à sa belle hôtesse, mais encore il avait peu à peu rapproché son genou du sien, et se permettait de lui imprimer une douce pression.

Tout à coup, et au moment où Thibault se livrait à cette occupation, dame Suzanne, qui le regardait tendrement, resta tout à coup les yeux fixes.

Elle ouvrit ensuite la bouche et partit d’un éclat de rire si violent, qu’il dégénéra en crise nerveuse, et peu s’en fallut qu’elle n’étranglât.

Sans s’arrêter aux conséquences, maître Magloire remonta directement aux causes.

Il porta à son tour son regard sur Thibault, s’inquiétant beaucoup plus de ce qu’il croyait apercevoir d’alarmant dans son ami que de l’état d’excitation nerveuse dans lequel l’hilarité avait mis sa femme.

– Ah ! mon compère ! s’écria-t-il en tendant vers Thibault ses deux petits bras effarés, vous flambez, mon compère, vous flambez !

Thibault se leva précipitamment.

– Qu’y a-t-il donc ? demanda-t-il.

– Il y a que vous avez le feu dans votre chevelure, répondit naïvement le bailli en saisissant, tant sa