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forêt, il poussa un hurlement (on apprend à hurler avec les loups), il poussa un hurlement qui fit venir à lui le ban et l’arrière-ban des loups conviés par lui la veille.

Tout arriva, jusqu’aux louvards de l’année.

Thibault alors leur expliqua qu’il attendait d’eux une chasse merveilleuse.

Pour les encourager, il leur annonça qu’il se mettait de la partie et les appuyait.

Ce fut vraiment une chasse merveilleuse.

Pendant toute la nuit, la voûte sombre de la forêt retentit d’affreux hurlements.

Ici, un chevreuil poursuivi par un loup tombait, saisi à la gorge par un autre loup placé en embuscade.

Là, Thibault, le couteau à la main comme un boucher, venait en aide à trois ou quatre de ses féroces compagnons, et portait bas un beau quartanier que ceux-ci avaient coiffé.

Une vieille louve revenait avec une demi-douzaine de lièvres qu’elle avait surpris au milieu de leurs ébats amoureux, et elle avait grand-peine à empêcher ses louvards de céder à leur irrespectueuse gourmandise en avalant, sans attendre que le seigneur des loups eût prélevé ses droits, toute une famille de perdrix rouges que ces jeunes maraudeurs avaient saisies la tête sous l’aile.

Madame Suzanne Magloire était bien loin de se douter en ce moment de ce qui se passait dans la forêt de Villers-Cotterêts à son intention.

Au bout de deux heures, les loups avaient rassemblé en face de la cabane de Thibault une véritable charretée de gibier.

Thibault fit son choix, puis leur abandonna de quoi faire une fastueuse ripaille.

Enfin, il chargea le reste sur deux mulets qu’il em-