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XII

deux loups dans la bergerie


Il n’y avait pas loin de la maison du bailli à la forêt.

En deux bonds, Thibault fut donc de l’autre côté du petit château les Fossés, à la laie de la Briqueterie.

À peine eut-il fait cent pas dans le bois, qu’il se vit accompagné de son escorte ordinaire.

Tout cela le câlinait en clignotant de l’œil et en remuant la queue pour exprimer son contentement.

Au reste, Thibault, qui s’était si fort inquiété de ses étranges gardes du corps la première fois qu’il s’était trouvé en contact avec eux, n’y faisait pas plus attention maintenant qu’il n’eût fait à une meute de caniches.

Il leur adressa quelques paroles d’amitié, gratta doucement entre les deux oreilles celui qui se trouvait le plus à sa portée, et continua son chemin en pensant à son double triomphe.

Il avait vaincu son hôte à la bouteille.

Il avait vaincu son adversaire au pugilat.

Aussi, dans sa joyeuse humeur, disait-il tout haut et tout en marchant :

– Il faut convenir, mon ami Thibault, que tu es un heureux coquin ! Dame Suzanne est en tout point ce qu’il te faut. Femme de bailli ! peste ! voilà une conquête ! et, en cas de survivance, voilà une femme ! mais dans l’un ou l’autre cas, lorsqu’elle marchera à mes côtés et appuyée à mon bras, soit comme femme, soit comme maîtresse, du diable si l’on me prend pour autre chose qu’un gentilhomme ! Et quand on pense