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Une partie reprend ses forces dans des courants d’eau.

Vous cherchez les anguilles ; vous demandez où sont les anguilles.

On vous montre alors trois ou quatre anguilles grosses comme le pouce et longues comme la moitié du bras.

C’est que les anguilles, grâce à leur structure, ont, momentanément du moins, échappé au carnage universel.

Les anguilles ont piqué une tête dans la vase et ont disparu.

C’est pour cela que vous voyez des hommes armés de fusils se promener sur les rives de l’étang, et que, de temps en temps, vous entendez une détonation.

Si vous demandez :

– Qu’est-ce que ce coup de fusil ?

On vous répond :

– C’est pour faire sortir les anguilles.

Maintenant, pourquoi les anguilles sortent-elles de la vase aux coups de fusil ? Pourquoi gagnent-elles les ruisseaux qui continuent de sillonner le fond de l’étang ? Pourquoi, enfin, étant en sûreté au fond de la vase, comme tant de gens de notre connaissance qui ont le bon esprit d’y rester, pourquoi n’y restent-elles pas au lieu d’aller regagner ce ruisseau qui les entraîne avec son cours et finit par les reconduire au réservoir, c’est-à-dire à la fosse commune.

Rien de plus facile au Collège de France que de répondre à cette question, maintenant qu’il est en relation directe avec les poissons.

Je pose donc la question aux savants. Les coups de fusil ne seraient-ils pas un préjugé, et n’arrive-t-il point tout simplement ceci :

C’est que la boue, liquide d’abord, dans laquelle