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À l’heure de la convocation à la pêche d’un étang il y a, selon l’étendue et l’importance de cet étang, une foule comparativement aussi considérable et, comparativement toujours, aussi élégante qu’aux courses du Champ-de-Mars ou de Chantilly, quand doivent courir les chevaux et les jockeys de renom.

Seulement, on n’assiste pas au spectacle dans des tribunes ou en voiture.

Non, chacun vient comme il veut ou comme il peut, en cabriolet, en char à bancs, en phaéton, en charrette, à cheval, à âne ; puis, une fois arrivé – à part le respect qu’on a toujours dans les pays les moins civilisés pour les autorités –, chacun se place selon le moment de son arrivée ou selon la force de ses coudes, et le mouvement plus ou moins accentué de ses hanches.

Seulement, une espèce de treillage solidement établi empêche les spectateurs de tomber dans le réservoir.

On comprend, à la teinte et à l’odeur de l’eau, si le poisson approche.

Tout spectacle a son inconvénient. À l’Opéra, plus la réunion est belle et nombreuse, plus on respire d’acide carbonique. À la pêche d’un étang, plus le moment intéressant approche, plus on respire d’azote.

D’abord, au moment où l’on ouvre la bonde, l’eau vient belle, pure et légèrement teintée de vert, comme l’eau d’un ruisseau.

C’est la couche supérieure qui, entraînée par son poids, se présente la première.

Puis l’eau, peu à peu, perd de sa transparence et se teinte de gris.

C’est la seconde couche qui se vide à son tour, et, de temps en temps, au milieu de cette seconde couche et à mesure que la teinte se fonce, apparaît un éclair d’argent.