Page:Dumas - Le Meneur de loups (1868).djvu/137

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Le premier suivait toujours, et toujours à égale distance.

Mais, en ramenant les yeux d’arrière en avant, il s’aperçut qu’un troisième loup côtoyait sa droite.

Son regard, instinctivement, se porta vers la gauche.

Un quatrième le flanquait de ce côté-là.

Il n’avait pas fait un quart de lieue, qu’une douzaine de ces animaux formaient un cercle autour de lui.

La situation était critique.

Thibault en sentait toute la gravité.

Il essaya d’abord de chanter, espérant que le bruit de la voix humaine effrayerait ces animaux.

Ce fut inutilement.

Pas un d’eux ne quitta la place qu’il occupait dans le cercle formé autour de lui comme avec un compas.

Alors il pensa à s’arrêter au premier arbre touffu, à se jeter dans ses branches et à y attendre le jour.

Mais, après avoir bien réfléchi, il lui sembla plus sage d’essayer d’atteindre sa demeure, dont il approchait de plus en plus, les loups, malgré leur nombre, ne manifestant pas d’intentions plus hostiles que lorsqu’il n’y en avait qu’un seul.

Il serait temps de grimper sur un arbre si les loups changeaient de manière d’agir à son égard.

Nous devons dire que Thibault était si troublé, qu’il touchait à sa porte et ne l’apercevait pas.

Il reconnut enfin sa maison.

Mais, à sa grande stupéfaction, arrivés là, les loups qui marchaient en avant se rangèrent respectueusement pour le laisser passer, s’asseyant sur leur derrière comme pour faire la haie.

Thibault ne perdit pas de temps à les remercier de leur courtoisie.

Il se précipita dans l’intérieur de sa cabane, en tirant vivement la porte derrière lui.