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On ne pouvait les confondre ni d’après la couleur de leur pelage, ni d’après leur taille.

Thibault n’avait aucune raison de croire que tous les loups fussent animés vis-à-vis de lui d’intentions aussi bienveillantes que le premier auquel il avait eu affaire.

Il commença donc à serrer entre ses deux mains son bâton et à lui faire faire le moulinet, pour voir s’il n’avait pas désappris la manœuvre.

Mais, à son grand étonnement, l’animal se contentait de trotter derrière lui sans manifester aucune intention hostile, s’arrêtant quand Thibault s’arrêtait, reprenant sa course quand Thibault se remettait en chemin, et hurlant seulement de temps en temps comme pour appeler du renfort.

Ces hurlements ne laissaient pas Thibault sans inquiétude.

Tout à coup, le voyageur nocturne vit devant lui deux autres lumières ardentes et qui brillaient par intervalles dans l’obscurité, devenue de plus en plus épaisse.

Tenant son bâton haut et prêt à frapper, il s’avança sur ces deux lumières, qui restaient immobiles, et il pensa trébucher sur un corps couché en travers du chemin.

C’était le corps d’un second loup.

Sans réfléchir qu’il était peut-être imprudent d’attaquer le premier de ces animaux, le sabotier commença par porter à celui-ci un vigoureux coup de son gourdin.

Le loup le reçut en plein sur la tête.

Il poussa un hurlement douloureux.

Puis, se secouant comme un chien que son maître a battu, il se mit à marcher devant le sabotier.

Thibault alors se retourna pour voir ce que devenait son premier loup.