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pic que l’on avait toujours crue inaccessible, du moins par le chemin qu’avait pris Thibault pour la gravir.

– Eh bien, cria la meunière, eh bien, vous vous lassez ainsi ! vous ne le poursuivez pas ! vous ne le rejoignez pas ! vous ne l’assommez pas !

Mais eux, secouant la tête :

– Eh ! madame, dirent-ils, que voulez-vous que nous fassions contre un loup-garou ?


IX

le meneur de loups


En fuyant les menaces de la meunière et les armes de ses gens, Thibault s’était instinctivement dirigé vers la lisière de la forêt.

Son intention était, au premier ennemi qui paraîtrait, d’entrer dans le bois, où à cette heure nul n’oserait le poursuivre de peur d’embuscade.

D’ailleurs, armé du pouvoir diabolique qu’il avait reçu du loup noir, Thibault n’avait pas grand-chose à craindre de ses ennemis, quels qu’ils fussent.

Il n’avait qu’à les envoyer où il avait envoyé le pourceau de la belle meunière.

Il était bien sûr d’en être débarrassé.

Mais, par le serrement de cœur qu’il éprouvait de temps en temps au souvenir de Marcotte, il se disait à lui-même que, si déterminé que l’on soit, on n’envoie pas les hommes au diable comme on y envoie les cochons.

Tout en réfléchissant à ce pouvoir terrible, et tout en