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Puis, tandis qu’ils dégustaient le vin, jugeant le moment favorable, elle demanda aux deux militaires ce qui les amenait au moulin de Coyolles.

Le sergent répondit qu’il était à la recherche d’un jeune garçon meunier qui, après avoir bu avec lui à la santé de Sa Majesté et avoir signé son engagement n’avait point reparu.

Ce jeune garçon meunier, interrogé sur son nom et son domicile, avait déclaré se nommer Landry et habiter chez madame veuve Polet, meunière à Coyolles.

En vertu de quoi, il venait chez madame veuve Polet, meunière à Coyolles, réclamer son réfractaire.

La meunière, persuadée qu’il était permis de mentir quand l’intention sanctifiait le mensonge, assura qu’elle ne connaissait pas Landry et que personne de ce nom n’avait jamais habité le moulin de Coyolles.

Le sergent répondit à la meunière qu’elle avait les plus beaux yeux du monde et une bouche charmante, mais que ce n’était pas une raison pour qu’il en crût ses yeux sur regard et sa bouche sur parole.

En conséquence, il signifia à la belle veuve qu’il allait faire perquisition dans son moulin.

La perquisition commença.

Au bout de cinq minutes, le sergent rentra.

Il demanda à la belle meunière la clef de sa chambre.

La meunière parut très choquée d’une pareille demande.

Mais le sergent insista tant et si bien, que force fut à la meunière de donner la clef.

Cinq minutes après, le sergent rentrait, ramenant Landry, qu’il tenait par le collet de sa veste.

À cette vue, la veuve pâlit horriblement.

Quant à Thibault, le cœur lui battait à lui briser la poitrine ; car il voyait bien qu’il avait fallu l’assistance du loup noir pour que le sergent allât chercher Landry où il était.