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L’horreur et le désespoir communiquaient une telle énergie au bonhomme, que Pierre chancela sous la secousse, et, obligé de faire un pas en arrière, souleva malgré lui le pied avec lequel il maintenait Millette couchée à terre.

Celle-ci, toute meurtrie et à moitié étouffée qu’elle était, en profita pour se redresser avec l’agilité d’une panthère et courir à la fenêtre.

Mais Pierre Manas avait deviné son dessein. Il fit un effort suprême, se débarrassa de M. Coumbes, qui, violemment repoussé, alla tomber à la renverse sur son lit, et il s’élança sur Millette le couteau à la main.

L’arme traça un éclair dans la demi-obscurité de la chambre et s’abattit cessant de luire.

Millette tomba sur le carreau sans même répondre par un cri au cri poussé par M. Coumbes.

La terreur semblait avoir paralysé l’ex-portefaix ; il cachait son visage entre ses mains.

– Ton argent ! ton argent ! hurlait le forçat en le secouant rudement.

M. Coumbes indiquait déjà du doigt son secrétaire, quand il lui sembla voir glisser dans l’ombre une forme humaine qui s’approchait de l’assassin.

C’était Millette, qui, pâle, mourante, perdant son sang par une profonde blessure, avait rassemblé