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— Non, dit Beauchamp ; je suis condamné à voir nos honorables tous les jours, et sa tête m’est inconnue.

— Avez-vous parlé de cette mort dans votre journal ?

— L’article n’est pas de moi, mais on en a parlé ; je doute même qu’il soit agréable à M. de Villefort. Il est dit, je crois, que si quatre morts successives avaient eu lieu autre part que dans la maison de M. le procureur du roi, M. le procureur du roi s’en fût certes plus ému.

— Au reste, dit Château-Renaud, le docteur d’Avrigny, qui est le médecin de ma mère, le prétend fort désespéré.

— Mais qui cherchez-vous donc, Debray ?

— Je cherche M. de Monte-Cristo, répondit le jeune homme.

— Je l’ai rencontré sur le boulevard en venant ici. Je le crois sur son départ, il allait chez son banquier, dit Beauchamp.

— Chez son banquier ? Son banquier, n’est-ce pas Danglars ? demanda Château-Renaud à Debray.

— Je crois que oui, répondit le secrétaire intime avec un léger trouble ; mais M. de Monte-Cristo n’est pas le seul qui manque ici. Je ne vois pas Morrel.

— Morrel ! est-ce qu’il les connaissait ? demanda Château-Renaud.

— Je crois qu’il avait été présenté à madame de Villefort seulement.

— N’importe, il aurait dû venir, dit Debray ; de quoi causera-t-il ce soir ? cet enterrement, c’est la nouvelle de la journée ; mais, chut ! taisons-nous, voici M. le ministre de la justice et des cultes, il va se croire obligé de faire son petit speech au cousin larmoyant.

Et les trois jeunes gens se rapprochèrent de la porte pour entendre le petit speech de M. le ministre de la justice et des cultes.