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jeune homme secouait ses pieds sur un terrain sec, et cherchait des yeux autour de lui le chemin probable qu’on allait lui indiquer, car il faisait tout à fait nuit.

Au moment où il tournait la tête, une main se posait sur son épaule, et une voix le fit tressaillir.

— Bonjour, Maximilien, disait cette voix, vous êtes exact, merci !

— C’est vous, comte, s’écria le jeune homme avec un mouvement qui ressemblait à de la joie, et en serrant de ses deux mains la main de Monte-Cristo.

— Oui, vous le voyez, aussi exact que vous ; mais vous êtes ruisselant, mon cher ami : il faut vous changer, comme dirait Calypso à Télémaque. Venez donc, il y a par ici une habitation toute préparée pour vous, dans laquelle vous oublierez fatigues et froid.

Monte-Cristo s’aperçut que Morrel se retournait ; il attendit.

Le jeune homme, en effet, voyait avec surprise que pas un mot n’avait été prononcé par ceux qui l’avaient amené, qu’il ne les avait pas payés et que cependant ils étaient partis. On entendait même déjà le battement des avirons de la barque qui retournait vers le petit yacht.

— Ah ! oui, dit le comte, vous cherchez vos matelots ?

— Sans doute, je ne leur ai rien donné, et cependant ils sont partis.

— Ne vous occupez point de cela, Maximilien, dit en riant Monte-Cristo, j’ai un marché avec la marine pour que l’accès de mon île soit franc de tout droit de charroi et de voyage. Je suis abonné, comme on dit dans les pays civilisés.

Morrel regarda le comte avec étonnement.

— Comte, lui dit-il, vous n’êtes plus le même qu’à Paris.