Danglars sentit soudain que le sien n’avait pas de fonds en ce moment ; il vit l’homme moins laid, le pain moins noir, le fromage plus frais.
Enfin, ces oignons crus, affreuse alimentation du sauvage, lui rappelèrent certaines sauces Robert et certains mirotons que son cuisinier exécutait d’une façon supérieure, lorsque Danglars lui disait : — Monsieur Deniseau, faites-moi, pour aujourd’hui, un bon petit plat canaille.
Il se leva et alla frapper à la porte.
Le bandit leva la tête.
Danglars vit qu’il était entendu, et redoubla.
— Che cosa ? demanda le bandit.
— Dites donc ! dites donc, l’ami, fit Danglars en tambourinant avec ses doigts contre sa porte, il me semble qu’il serait temps que l’on songeât à me nourrir aussi, moi !
Mais soit qu’il ne comprît pas, soit qu’il n’eût pas d’ordres à l’endroit de la nourriture de Danglars, le géant se remit à son dîner.
Danglars sentit sa fierté humiliée, et, ne voulant pas davantage se commettre avec cette brute, il se recoucha sur ses peaux de bouc et ne souffla plus le mot.
Quatre heures s’écoulèrent ; le géant fut remplacé par un autre bandit. Danglars, qui éprouvait d’affreux tiraillements d’estomac, se leva doucement, appliqua derechef son oreille aux fentes de la porte, et reconnut la figure intelligente de son guide.
C’était en effet Peppino qui se préparait à monter la garde la plus douce possible en s’asseyant en face de la porte, et en posant entre ses deux jambes une casserole de terre, laquelle contenait, chauds et parfumés, des pois-chiches fricassés au lard.