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ventre assez mal disposé pour pénétrer dans les crevasses de la campagne de Rome, il s’infiltra derrière Peppino, et, se laissant glisser en fermant les yeux, il tomba sur ses pieds.

En touchant la terre, il rouvrit les yeux.

Le chemin était large, mais noir. Peppino, peu soucieux de se cacher, maintenant qu’il était chez lui, battit le briquet, et alluma une torche.

Deux autres hommes descendirent derrière Danglars, formant l’arrière-garde, et, poussant Danglars lorsque par hasard il s’arrêtait, le firent arriver par une pente douce au centre d’un carrefour de sinistre apparence.

En effet, les parois des murailles, creusées en cercueils superposés les uns aux autres, semblaient, au milieu des pierres blanches, ouvrir ces yeux noirs et profonds qu’on remarque dans les têtes de morts.

Une sentinelle fit battre contre sa main gauche les capucines de sa carabine.

— Qui vive ? fit la sentinelle.

— Ami, ami ! dit Peppino. Où est le capitaine ?

— Là, dit la sentinelle, en montrant par-dessus son épaule une espèce de grande salle creusée dans le roc et dont la lumière se reflétait dans le corridor par de grandes ouvertures cintrées.

— Bonne proie, capitaine ! bonne proie, dit Peppino en italien.

Et, prenant Danglars par le collet de sa redingote, Il le conduisit vers une ouverture ressemblant à une porte, et par laquelle on pénétrait dans la salle dont le capitaine paraissait avoir fait son logement.

— Est-ce l’homme ? demanda celui-ci, qui lisait fort attentivement la Vie d’Alexandre dans Plutarque.

— Lui même, capitaine, lui même.