Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 6.djvu/149

Cette page a été validée par deux contributeurs.

C’est à ce moment d’ennui que la voix de l’inspecteur l’appela au parloir.

Andrea sentit son cœur bondir de joie. Il était trop tôt pour que ce fût la visite du juge d’instruction, et trop tard pour que ce fût un appel du directeur de la prison ou du médecin ; c’était donc la visite attendue.

Derrière la grille du parloir où Andrea fut introduit, il aperçut, avec ses yeux dilatés par une curiosité avide, la figure sombre et intelligente de M. Bertuccio, qui regardait aussi, lui, avec un étonnement douloureux, les grilles, les portes verrouillées et l’ombre qui s’agitait derrière les barreaux entre-croisés.

— Ah ! fit Andrea, touché au cœur.

— Bonjour, Benedetto, dit Bertuccio de sa voix creuse et sonore.

— Vous ! vous ! dit le jeune homme en regardant avec effroi autour de lui.

— Tu ne me reconnais pas, dit Bertuccio, malheureux enfant !

— Silence ! mais silence donc ! fit Andrea qui connaissait la finesse d’ouïe de ces murailles ; mon Dieu, mon Dieu, ne parlez pas si haut !

— Tu voudrais causer avec moi, n’est-ce pas, dit Bertuccio, seul à seul ?

— Oh ! oui, dit Andrea.

— C’est bien.

Et Bertuccio, fouillant dans sa poche, fit signe à un gardien qu’on apercevait derrière la vitre du guichet.

— Lisez, dit-il.

— Qu’est cela ? dit Andrea.

— L’ordre de te conduire dans une chambre, de t’installer et de me laisser communiquer avec toi.

— Oh ! fit Andrea, bondissant de joie.